Barbablog

Numérique et politique

Vers un régime « illiberal» (mot utilisé par les consultants en mal de reconnaissance intellectuelle pour décrire un régime fasciste). C’est l’analyse de Jean-Francois Bayart qui à la question Où va la France répond désormais :

Vers l’explosion sociale, vers son inévitable répression policière puisque la fermeture des canaux démocratiques contraint la protestation à la violence émeutière, et vers l’instauration d’un régime paresseusement qualifié d’«illibéral».

Autrement dit vers le fascisme. À lire car Jean-Francois même s’il est un auteur engagé n’est pas non plus le plus dangereux des gauchistes ni le plus rebelle des anars. Son billet d’opinion est publié dans le Temps, pas dans lundi matin.

#Politique #France

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En 1906, au cœur d’un vaste mouvement social, un débat opposait Jaurès à Clemenceau. Ce dernier, alors ministre de l’intérieur, cherchait à instrumentaliser les violences ouvrières pour justifier sa politique répressive. Des incidents entre mineurs survenus le 21 avril lui avaient permis de décréter l’état de siège et d’arrêter les leaders CGT qui dénonçaient les manquements de la compagnie des mines aux règles de sécurité. Quelques mois plus tard, Jaurès s'oppose à Clémenceau et prononce dans l’hémicycle un discours rappellant d'où vient la véritable violence. Un siècle plus trad, ce discours est plus que jamais d'actualité.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, nous ne sommes pas, nous ne pouvons pas être les dupes de l’hypocrisie sociale des classes dirigeantes. [...]

Oui, la violence c’est une chose grossière, palpable, saisissable chez les ouvriers : un geste de menace, il est vu, il est retenu. Une démarche d’intimidation est saisie, constatée, traînée devant les juges. Le propre de l’action ouvrière, dans ce conflit, lorsqu’elle s’exagère, lorsqu’elle s’exaspère, c’est de procéder, en effet, par la brutalité visible et saisissable des actes. Ah ! Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huit clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclat de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continueront la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale. Cela ne fait pas de bruit ; c’est le travail meurtrier de la machine qui, dans son engrenage, dans ses laminoirs, dans ses courroies, a pris l’homme palpitant et criant ; la machine ne grince même pas et c’est en silence qu’elle broie […]

La même opposition, elle éclate dans la recherche de responsabilités. De même que l’acte de la violence ouvrière est brutal, il est facile au juge, avec quelques témoins, de le constater, de la frapper, de le punir ; et voilà pourquoi tout la période des grèves s’accompagne automatiquement de condamnations multipliées.

Quand il s’agit de la responsabilité patronale – ah ! Laissez-moi dire toute ma pensée, je n’accuse pas les juges, je n’accuse pas les enquêteurs, je n’accuse pas, parce que je n’ai pas pu pénétrer jusqu’au fond du problème, et je veux même dire ceci, c’est quel que soit leur esprit d’équité, même s’ils avaient le courage de convenir que de grands patrons, que les ingénieur des grands patrons peuvent être exactement comme des délinquants comme les ouvriers traînés par des charrettes devant les tribunaux correctionnels, même s’ils avaient ce courage, ils se retrouvaient encore devant une difficulté plus grande parce que les responsabilités du capital anonyme qui dirige, si elles sont évidentes dans l’ensemble elles s’enveloppent dans le détail de complications, de subtilités d’évasion qui peuvent dérouter la justice […]

Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité.

#Politique #Jaures #RéformeDesRetraites #ViolencePolicières

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« Moi, le front républicain, j’y croyais. Comme des millions d’électrices et d’électeurs de gauche, je suis faite de ce bois que vous ne semblez pas connaître : je me suis effacée pour l’intérêt général. »

Je partage à 100% les sentiments et la rage que la documentariste Coralie Miller exprime dans sa lettre au président de la République « Pourtant, j’avais fait barrage »

#politique #barrage

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Depuis quelques mois les figures les plus médiatiques du fact-checking, Julien Pain (Vrai ou Fake), Rudy Reichstadt (Conspiracy Watch) ou Tristan Mendes France sont sérieusement agressés par les antivax et autres conspifafs. Un cap a été franchi lors d'un récent meeting de Florian Phillipot au cours duquel ce dernier s'en est pris nommément à Julien Pain. Les fact-checkeurs ne font pourtant que présenter des faits objectifs sans a priori politique. Alors comment en est-on arrivés à un tel niveau de détestation ?

La stratégie de l'échec

La stratégie des fact-checkeurs consiste à démonter les fausses informations mais de bien souvent manière verticale et sans créer de réel espace de discussion. À ce titre, le documentaire de France Info Désinformation, la contagion est un exemple éclairant de cette stratégie et de son échec.

Désinformation, la contagion a pour ambition de retracer l'évolution du phénomène des fakenews en France. Il dresse un état des lieux des théories complotistes, leurs origines, leurs vecteurs de diffusion et leur relais médiatiques, de Di Vizio à Richard Boutry en passant par Francis Lalanne et TPMP. C'est factuel. Ce qui est plutôt normal pour des fact-checkeurs. Malheureusement le documentaire – qu'à titre personnel j'attendais avec une grande curiosité – n'aborde pas le sujet en profondeur, à savoir les raisons pour lesquelles tant de gens adhèrent aux théories complotistes et pourquoi la défiance envers les médias et tout ce qui s'approche de près ou de loin d'une organisation officielle a tant augmenté.

Au final, et on l'observe à la lecture des commentaires, ce documentaire ne fait que conforter chaque camp dans ses positions. Celles et ceux qui croient à la théorie type Grand Reset (théorie selon laquelle le Covid serait un épouvantail destiné à vacciner l'ensemble de la population mondiale pour mieux la contrôler) sont confrontés à un contre narratif diffusé par un média dit dominant, la télévision, réalisés par des personnes en position de “sachant”, les journalistes, qui leur explique qu'ils ne sont qu'une bande d'idiots qui écoutent des idiots en chef encore plus idiots. Les conditions d'un dialogue ne sont pas vraiment réunies.

Parler à tout le monde mais pas de n'importe où

Plutôt que d'asséner une histoire du complotisme sur un média vertical tel que la télévision, il serait plus intéressant d'organiser des discussions entre fact-checkeurs et complotistes convaincus en mettant tout le monde sur un pied d'égalité. Ainsi un autre dispositif contre productif chez Vrai ou Fake – mais on le retrouve dans d'autres dispositifs de fact-checking chez La tête au carré par exemple – c'est le dialogue au cœur de l'action avec des manifestants. On peut en voir quelques exemples ici, , ou encore . Une fois filmées les interviews sont contextualisées et commentées, sans aucune contradiction possible. Les interviewés passent alors au yeux de centaines de milliers de personnes soit pour idiots soit pour des héros, selon le camp dans lequel on se situe. Ce dispositif asymétrique est contre productif.

Ce n'est pas si surprenant. En 2019, d'après le sondage « baromètre de la confiance politique » du CEVIPOF, seuls 25 % des sondés indiquaient faire confiance aux médias. Le fact checking “vertical” ne fait que convaincre les convaincus, 25% donc, et surtout ne fait que jeter de l'huile sur le feu.

La lutte contre la désinformation n'est pas un problème que les journalistes sont en mesure de résoudre seuls et certainement pas à coup de fact-checking. Seule la coopération entre plateformes qui en sont de larges vecteurs, citoyens, associations chercheurs et journalistes permettra permet de lutter efficacement contre ce fléau de la désinformation. La désinformation, c'est l'affaire de tous.

#factchecking #journalisme #desinformation #fakenews

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En février 2022, suite aux cyberattaques dont la Croix rouge a fait l’objet, un collectif de professionnels de la cybersécurité a lancé l’ONG Hackers sans frontières.

Ainsi que l’explique un des cofondateur, Karim Lamouri :

L’humanitaire n’est pas seulement en danger dans le monde physique, il est aussi ciblé par des crimes numériques. Notre but, c’est d’aider les associations qui sont moins armées. Parce que nous on a les connaissances, c’est notre rôle de faire ça. Défendre ceux qui n’ont pas l’argent pour se protéger, ceux qui sont laissés de côté. Prévenir les cyberattaques, les détecter et les neutraliser.

Cette intention louable a bénéficié d'une très bonne couverture média lors de son annonce : La Croix, Ouest-France, Le Télégramme, CIO Mag, Global Security Mag, France Info, Sud Radio, TV5 Monde, France5 TV et même les droitards de CNews.

Un an après sa création, Hacker sans frontières s’avère être une structure aux projets quasi inexistants et à l’éthique discutable : l'un des cofondateurs, Florent Curtet, est mis en examen pour avoir joué double jeu dans le cadre d'une négociation de rançon dans une affaire d'attaque par ransomware.

Avec un budget d’environ 100 000 € par an, Nothing2Hide, dont je suis l’un des cofondateurs, parvient chaque année à aider et à former sur des problématiques liées à la cybersécurité plus de 400 journalistes militants et activistes ainsi qu’une vingtaine d’organisations, associations, médias et ONG, sans compter les projets d’aide sur le terrain, au Sénégal, Rwanda, Turquie, Russie, Kirghizistan, ni même mentionner le maintien de ressources serveurs pour les services que nous offrons gratuitement, comptes VPN et hébergement sécurisé de données.

Pourtant nous peinons à publiciser nos actions et donc à les financer. Notre dernière campagne de dons nous a rapporté 6500 €, c’est à dire à peine 6,5 % de notre budget annuel. Alors quand je vois un projet comme hackers sans frontières, – qu’un article de l'école de guerre économique qualifie aujourd’hui de faillite éthique à peine un an après son lancement – réussir à occuper tout l’espace médiatique et rameuter la moitié des médias de France pour faire sa promo, ça m’emmerde profondément. Ça m’interroge aussi sur le fonctionnement du système médiatique, plus sensible à une bonne campagne de communication qu’au travail de fond. Ça me peine enfin pour tous les bénévoles qui ont de bonne foi cru dans le projet Hackers sans frontières.

Hackers sans frontières aurait du écarter Florent Courtet le temps de sa mise examen et le réintégrer bien sûr si celui-ci s’avérait être innocent. C’eut été la moindre des choses pour une structure qui porte en bandoulière les valeurs liées au monde hacking white hat (les gentils hackers).

Je souhaite sincèrement à Hackers sans frontières de redresser la barre et d’appliquer au plus vite les principes de transparence et d’indépendancequ’elle affiche sur son site. Sur le papier, c’est un beau projet.

#ONG #Éthique #HackersSansFrontières

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Les intérêts des ONG internationales peuvent entrer en conflit avec ceux des organisations et populations qu’elles se sont donné pour mission d’aider. C’est même inévitable selon Madhuresh Kumar.

Il l’explique dans son article NGOs and social movements: partnership or solidarity? et donne quelques principes fondamentaux que les ONG internationales devraient respecter pour limiter la casse :

  • les communautés et les organisations communautaires locales doivent être les premières à formuler les demandes et à décider du cours de la lutte ;
  • la solidarité suppose de fournir des contributions et des ressources uniquement lorsque celles-ci sont sollicitées ;
  • les inégalités de pouvoir (entre ONG et organisations locales) exigent que les groupes de soutien (les ONG dans) restent à leur place * et ne soient guidés que par la volonté d'utiliser chaque ressource au profit des mouvements locaux engagés dans la capacitation des populations et de la transformation sociale.

Madhuresh énonce un autre principe, de réalité, qui devrait être une ligne directrice pour toutes les ONG internationales :

Si vous ne pouvez pas agir en allié et nous offrir votre solidarité, faites en sorte au moins de ne pas rendre notre travail plus difficile.

If you can’t be an ally and offer us solidarity then at least don’t make our work more difficult.

À lire de toute urgence si vous êtes engagé·e de près ou de loin dans le milieu de la solidarité internationale : NGOs and social movements: partnership or solidarity?

*remain on the floor and not on the stage” : si vous trouvez une meilleure traduction pour cette formule ultra signifiante je suis preneur. Faites moi signe sur Mastodon.

#ONG #Solidarité #Empowerment

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En ces temps d’incertitude autour de la pérennité de certains réseaux sociaux, notamment Twitter qui depuis son rachat par Etron Musque est devenu un paradis pour nazis, homophobes et autres fous complotistes, il est urgent de trouver d’autres espaces et d’autres formes d’expression. Possee, Publish (on your) Own Site, Syndicate Elsewhere, est une pratique qui vous permettra de retrouver le contrôle de vos publications sans pour autant être affecté par une fermeture ou un déménagement de la plateforme.

Le principe consiste comme l’acronyme le décrit à mettre en ligne ses publications sur son propre site d’abord puis à en publier des copies ou à partager le liens sur d’autres plate formes ensuite.

Publish (on your) Own Site Syndicate Elsewhere

Cette pratique date déjà un peu puisqu’elle a été élaborée il y a plus de 10 ans par le collectif IndiWeb. Cependant avec la folie du moment autour de Twitter et les hordes d’internautes affolé·es qui hésitent entre migrer vers Mastodon ou rester sur la plateforme en attendant un éventuel effondrement, Posse prend un coup de jeune et revient sur le devant de la scène.

Cela suppose en effet d’avoir son propre site, mais si vous êtes prêt à acheter un macaron bleu à Etron Musque 7,60 € par mois, vous serez prêt à payer le même prix voire moins cher (ou rien du tout) chez WordPress.com, WriteFreely ou même Blogger, le service de blog antédiluvien de Google. Je vous recommanderai chaudement un hébergement chez Wordpress.com qui vous offre tous les services d’un blog moderne avec votre propre nom de domaine (c’est important d’avoir son propre nom de domaine) et sans publicité pour 4 € / mois. Rassurez-vous, Wordpress propose aussi une version gratuite.

Une fois votre site créé, il vous suffira alors de republier vos posts sur les plateformes de votre choix, Twitter, Mastodon, Facebook, Linkedin, Instagram, etc. soit à la main, soit de manière automatique. Le collectif Indiweb a publié une page entière d’outils et de services permettant d’automatiser cette pratique.

L’éternel retour des blogs.

#Posse #Twitter #Mastodon #Gafam

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Le potentiel de l'intelligence artificielle est insondable. ChatGPT, le bot de OpenAI en accès libre, a la capacité d'écrire un post LinkedIn digne du cadre le plus zélé de la Startup nation drogué à BFMBusiness. Démonstration.

Moi : écris-moi un post LinkedIn avec de nombreuses emoticones qui par le truchement d’une metaphore sportive sur le curling, explique à quel point le travail est enrichissant mais aussi à quel point le travail en équipe est important.

ChatGPT : 🔥🔥 🔥 Le travail, c'est comme le curling 🥌🥌🥌 Imaginez que vous êtes sur la glace, prêts à lancer votre pierre vers la cible. Vous avez travaillé dur pour arriver là, vous avez appris de nouvelles compétences et vous êtes prêts à montrer ce que vous valez. C'est le moment de briller ! Mais le curling, c'est aussi une équipe sport. Vous n'avez pas juste besoin de lancer votre pierre avec précision, vous devez aussi travailler en étroite collaboration avec vos coéquipiers pour atteindre votre objectif commun. C'est là que réside toute la beauté de ce sport : lorsque tout le monde travaille ensemble pour atteindre un objectif commun, cela peut être extrêmement gratifiant. Et c'est exactement ce que je ressens dans mon travail. Chaque jour, je suis entouré d'une équipe incroyable qui travaille ensemble pour atteindre nos objectifs. C'est enrichissant de voir notre travail payer et de contribuer à quelque chose de plus grand que soi. Alors, si vous cherchez un travail qui vous permette de vous épanouir et de travailler en équipe pour atteindre de grands objectifs, le curling pourrait être le sport parfait pour vous ! 🏆🏆🏆 Et n'oubliez pas de prendre du plaisir sur la glace ! 😁😁😁

#ChatGPT #AI #OpenAI #Bullshit #Linkedin

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Le Web3 toujours plus loin dans le ridicule.

La startup Dogami a réussi une levée de fonds de 7 millions d’euros pour un projet de création de NFT (NonFungible Token). Ces NFT prendront la forme de chiens virtuels dont l'objectif est de les élever pour être récompensé par une crypto monnaie, le DOGA.

Au passage je découvre le néologisme Petaverse, mot valise composé de Pet, animal de compagnie en anglais, et metaverse, le truc de Mark Zuckerberg qui a fait perdre 11 milliards de dollars à sa boîte.

Les cryptobros sont complètement cramés.

#Web3 #NFT #Bullshit

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Je republie ici un article qui a presque 10 ans et qui au vu des derniers événements dans le monde merveilleux du numérique reste toujours autant d’actualité.

Les révélations d'Edouard Snowden sur la surveillance généralisée d'Internet ont eu quelques effets de bord : le site Groklaw, spécialisé dans les affaires et questions juridiques liées aux nouvelles technologies, ferme, les services d'envois d'emails sécurisé Silent Circle et Lavabit suspendent leur activité.... Conséquence : nombreux sont les activistes qui baissent les bras avec le motto « Internet est mort ». Ça m'énerve. C'est idiot. C'est lâche.

Je me souviens d'un après-midi de juillet 2012 au cours duquel je suis allé écouter Stallman parler de logiciels libres. Après deux heures de discours du vieil hacktiviste sur le thème « Logiciels libres et droits de l'homme », une session lightning talk avait été organisée. Le principe est simple : tout le monde peut monter sur scène et prendre la parole pour présenter en 15 mn un projet ou une idée. Fabrice Epelboin, journaliste, activiste, anti hadopi,etc. fut le premier à prendre la parole. En 15 minutes, il a dépeint un tableau de la surveillance sur Internet déprimant, ce qui était peut-être visionnaire il y a un an. En conclusion il expliquait que seuls quelques geeks velus et barbus étaient peut-être encore en mesure de protéger leurs communications sur Internet. Pour tous les autres, il était déjà trop tard.

15 minutes après, je montais à mon tour sur scène pour répondre à Fabrice et à son catastrophisme. Je racontais alors exactement ce que que je réponds aujourd'hui à ceux qui pensent qu'Internet est mourant, qu'Internet c'est fini parce que des agences de renseignements peuvent consulter leur messages privés sur Facebook, hotmail, yahoo, google et skype, accéder la liste des sites qu'ils ont consulté, déchiffrer des messages codés avec les technologies Microsoft et peut-être plus encore vu que Snowden a transmis à peu près 20 000 documents à Glenn Greenwald et que seule une petite partie a été publiée jusqu'ici oui je sais cette phrase est très longue : dire qu'internet est surveillé et qu'on ne peut rien faire, ça m'énerve, c'est idiot, c'est lâche. On peut faire beaucoup. Il faut faire beaucoup. La dernière chose à faire est de baisser les bras. Internet n'est pas mort et ce ne sont pas quelques espions et quelques milliards de dollars qui vont l'achever.

Soyez geeks

Protéger ses communications, c'est encore possible, même pour les non informaticiens. Si Greenwald, simple  journaliste  a été capable d'échanger  avec un cador de la sécurité informatique tel que Snowden, d'autres, journalistes ou non, seront capables de le faire. C'est une question de temps et d'envie. Il existe de nombreux guides en ligne sur la sécurité numérique. Des bénévoles organisent même assez régulièrement des réunions où chacun peut apprendre à protéger ses conversations et ses données, d'autres mettent à disposition des réseaux d'anonymisation financés par la communauté (faites leur un don au passage quand même). J'affirme qu'il est encore possible d'avoir des échanges confidentiels en ligne [1]. Et même si quelqu'un arrive à me prouver le contraire, je continuerai à essayer de trouver un moyen de présever ma vie privée en ligne, pas parce que je suis un dangereux terroriste mais parce que la vie privée est une composante essentielle de tout régime démocratique. Le jour où j'arrêterai d'essayer, le jour où nous arrêterons tous collectivement d'essayer, alors ce jour là on pourra annoncer la mort d'Internet, mais ce sera le cadet de nos soucis, car ce jour là, nous pourrons considérer que nous ne serons plus en démocratie. Lisez ou relisez Le système totalitaire d'Hannah Arendt.

Soyez citoyens

Ceux qui annoncent la mort d'Internet et la fin des échanges privés en ligne ont tendance à considérer leur gouvernement comme une entité qui leur est complètement étrangère. Dans nos sociétés démocratiques, le gouvernement, nos élus, sont les représentants du peuple. Ils sont dépositaires de la souveraineté du peuple. Et le peuple, c'est nous. Il y a mieux à faire que de pleurer la mort d'Internet : contactez vos élus et demandez-leur des comptes. Si vous êtes citoyen américain, il y a de quoi faire en ce moment. Citoyen français ? rassurez-vous, il y a du boulot aussi. Des députés veulent passer une loi sur la surveillance ? Ne les laissez pas faire. Contactez-les. Demandez-leur un rendez-vous téléphonique. Discutez. Expliquez. Mais ne restez pas étranger au jeu démocratique. Cette démocratie que vous avez si souvent défendu  à coup de VPN et de cryptographie, ici ou ailleurs, servez vous-en et agissez. La politique, c'est moins cool que le data love mais c'est plus utile.

Voilà amis hacktivistes quelques pistes pour ne pas abandonner. Comme disait papi Stalmann, en juillet 2013, amené à s'exprimer sur le scandale Prism :

If you want to have the possibility of some privacy someday, you'd better join the fight now, because now a bunch of other people are joining the fight. Now is the moment when you can make a difference.

#hacktivisme #Internet #Surveillance #Politique

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