Dans son billet, The Prodigual Tech Bro, Maria Farell décrit le parcours des grands cadres de la tech qui décident un beau jour de s'engager pour le bien commun en dénonçant les excès de leur précédent employeur, bien souvent une entreprise vivant de l'exploitation des données personnelles de ses utilisateurs. Travaillant dans le domaine des libertés numériques depuis plus de 10 ans, j'ai eu l'occasion de croiser quelques fils prodigues de la tech. Leur discours – aussi sincère soit-il – m'a toujours laissé un arrière goût amer difficile à expliquer. Maria Farrel le décrit avec des mots justes. Je les partage ici en publiant une version française de son billet.
À lire : le billet d'Olivier Ertzscheid, L'algorithme des pauvres gens, sur les changements dans l'algorithme de Facebook annoncés en début d'année par Mark Zuckerberg. L'objectif affiché est désormais de favoriser les contenus échangés et commentés avec nos “proches”, nos “amis”, au détriment des pages, des marques et des médias.
Susan Fowler connaît bien la Silicon Valley. Après avoir passé un an chez Uber, elle a démissionné et publié un article retentissant sur le sexisme et la “bro culture” qui régnaient au sein de l'entreprise. Elle publie aujourd'hui une tribune sur la gig economy[1], également appelée hypocritement “économie du partage”, dont les start-up de la Silicon Valley sont les pourvoyeuses et les championnes les plus zélées.
Après 5 années passées à animer des formations à la sécurité numérique,
lancer des actions de plaidoyers, publier des communiqués et des
rapports sur la censure et la surveillance en ligne, je quitte Reporters
sans frontières. Sur Internet, le constat est sans appel : les
libertés numériques ont largement reculé.