Les consultants, ces monstres en puissance

On ne parle pas assez des consultants. On oublie à quel point ces gens sont sans âme à force de voir le monde à travers des decks et des tableurs excel. La parution de l’article du Financial Times qui révèle la monstrueuse étude du Boston Consulting Group (BCG) est une bonne occasion de le rappeler.

Le quotidien britannique a révélé que le BCG a mené une mission auprès d’une société de sécurité américaine, mandatée par un centre de réflexion israélien, sur la « reconstruction de Gaza ». L’étude évoque le déplacement de 500000 Palestiniens et évalue des offres à formuler aux Gazaouis, en s’interrogeant sur la plus efficace : 9 000 dollars (7 726 euros) cash ou 5 000 dollars et quatre ans de loyer. Une fois l’existence de cette étude révélée, le BCG a présenté ses excuses, licencié les personnes impliquées et renoncé à être payé.

Les consultants ne sont pas des monstres. C’est leur profession qui est monstrueuse, elle qui leur impose de tout évaluer froidement, de jauger sans juger, de tout objectiver y compris le pire, tel que le prix acceptable du déplacement d’une population bombardée depuis des mois déjà. On peut appliquer au consultant qui a dirigé l’étude du BCG les mots qu’Hannah Arendt a utilisé pour décrire la banalité du mal incarnée par Adolf Eichmann : il a renié cette « qualité humaine caractéristique » qui consiste à distinguer le bien du mal, et, en n'ayant « aucun motif, aucune conviction (personnelle) », aucune « intention (morale) » il est, dit Arendt, devenu incapable de former des jugements moraux. Ce qui est en cause dans les actes affreux qu'il a commis n'est donc pas tant sa méchanceté que sa « médiocrité ».

Pour finir sur une note moins grave, je vous renvoie vers l’histoire de l’expert et du berger que j’affectionne particulièrement pour l’avoir racontée à un consultant qui évaluait les méthodes de travail de la structure dans laquelle je travaillais il y a quelques années, à regarder ici.

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