L'épouvantail Mélenchon
Le second tour des élections législatives est passé et on a évité le pire. Avec “seulement” 143 sièges le RN n'a pas la majorité et le Nouveau Front Populaire (NFP) est aujourd’hui la première force politique en France. On entend pourtant un refrain récurrent chez les électeur·ices du centre et de la droite modérée : “Ok on n’a pas le RN mais on a Mélenchon et l’extrême gauche, ça fait peur”.
Ce n’est pas l’extrême gauche qui a pas gagné ces élections législatives. Peuvent être qualifiés d’extrême gauche les partis politiques qui appellent au renversement du capitalisme et qui souhaitent accéder au pouvoir non par les urnes mais par la lutte armée. Le NPA est un parti d’extrême gauche ; Lutte ouvrière est un parti d’extrême gauche ; LFI est un parti de gauche ; ses alliés (PS, PC, EELV) au sein de la coalition du NFP sont aussi des partis de gauche.
Ce n’est ni la France Insoumise (LFI) et encore moins Mélenchon qui ont gagné ces élections mais une une large coalition de gauche dont LFI n’est qu’une des composantes. LFI obtient 71 sièges au sein d’une coalition qui en occupera 180 à l’Assemblée nationale, elle n’est donc pas majoritaire au sein du NFP. Et même à l’intérieur de son parti, Mélenchon est loin de faire l’unanimité. Il ne sera pas premier ministre, ses alliés au sein du NFP ne le permettront pas, ou alors ce sera l’éclatement.
Le NFP s’est fait élire sur un programme qui n’a rien d’extrême gauche et qui ne mettra pas à genou l’économie de la France. Les principales mesures (retour de l’ISF et de l’Exit Tax, suppression de la Flat Tax.) visant à financer une meilleure redistribution des revenus et une société plus juste (hausse du Smic, l’augmentation des APL, la retour du départ à la retraite à 62 ans) étaient déjà en vigueur avant 2018 et la France n’était pas à genou économiquement. La dette publique de la France était même bien inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui après 8 huit ans de Macronie. Les libéraux qui encensent la gestion de Macron et de l’argent public feraient mieux de regarder la poutre qui est dans leur oeil avant de s’acharner sur la paille de celui du voisin.
Mélenchon ne sera pas premier ministre, le NFP n’est pas une coalition d’extrême gauche et la mise en œuvre de leur programme ne va pas bouter les riches et leurs capitaux hors de France laissant derrière eux des cohortes interminables de chômeurs désœuvrés. À la limite Hanouna quittera le pays, mais est-ce vraiment une grosse perte ?